La proportion de gestations gémellaires a tendance à augmenter et ce, pour différentes raisons. La température ambiante est un facteur important, ainsi que la hausse de la production du bétail laitier. Ces facteurs influent sur l’équilibre hormonal de la vache. Si le management n’a qu’une influence négligeable en la matière, il en va autrement pour les interventions sur le cycle hormonal.
Si la naissance de veaux jumeaux n’est pas exceptionnelle, elle est malgré tout assez rare, de l’ordre de 2,5 à 3 % des vêlages. Et ces naissances multiples ne sont pas souhaitables puisque dans la plupart des cas, les veaux sont de gabarit plus faible, avec toutes les complications ultérieures que cela implique. Pour la vache également la gestation gémellaire est source de problèmes, à commencer par le risque d’avortement, l’utérus étant trop petit pour supporter la croissance de deux embryons. On estime en général que ce risque, par rapport à une gestation normale, est à multiplier par un facteur trois à six.
Lorsque la gestation arrive à terme, les complications lors de la mise-bas sont réelles. En cas de gestation d’un veau simple, le taux de mortalité au vêlage est de 0,93, un chiffre qui bondit à 1,7 dans le cas d’une gestation gémellaire. Par ailleurs, ce taux de mortalité est encore plus élevé chez les génisses que chez les vaches multipares. Si le vêlage s’est produit sans encombres pour les veaux nouveaux-nés, la vache risque néanmoins d’accumuler les problèmes sanitaires après une mise bas éprouvante: fièvre de lait, rétention placentaire, retournement de la caillette, métrite. Plusieurs études scientifiques ont mis en évidence la relation entre une
gestation gémellaire et les problèmes de transition. C’est ainsi que les vaches qui ont donné naissance à des jumeaux encourent 12 fois plus de risque de rétention placentaire. L’explication pourrait être la suivante: la durée de la gestation est plus courte, à savoir 272 jours en moyenne.
Impact économique
Les coûts induits par une gestation gémellaire ne doivent pas être sous-estimés. Sans pour autant qu’il y ait d’étude documentée sur ce sujet, on peut évaluer à 200 euros de coûts supplémentaires, à condition toutefois que cette situation ne se fasse pas au détriment de la vache. Si tel est le cas, les frais seront encore plus élevés.
Il ne s’agit ici que des coûts dits primaires, dans lesquels les revenus du veau sont réduits à néant par les frais supplémentaires dus à la baisse de la productivité de la mère, les traitements complémentaires et les jours de perte provoqués par le retard de la prochaine gestation, en raison des problèmes pendant la période de transition. Les éventuels effets secondaires ne sont pas inclus, par exemple la baisse de la valeur de vente évnetuelle du veau femelle lorsque la gémellité est composée d’un veau mâle et d’un veau femelle.
Venons-en à un phénomène appelé le freemartinisme, c’est-à-dire l’infertilité du veau femelle jumelle d’un mâle. Ce phénomène est provoqué par la jonction des deux membranes embryonnaires dans l’utérus, ce qui entraîne un échange des cellules génitales entre les deux embryons. Résultat: l’appareil génital du veau femelle se développe anormalement et se masculinise, ce qui le rendra infertile. Le freemartinisme est très majoritaire. On estime en effet que seuls 8 % des veaux femelles jumelles d’un veau mâle y échappent et développent un appareil génital normal et donc fertile.
Pourquoi des jumeaux?
Chez les bovins, 95 % des veaux jumeaux sont de faux jumeaux (double ovulation), les vrais jumeaux (un œuf qui se divise) étant …
- … Ceci est un extrait d’un article du magazine ‘Lait&Elevage’
Texte: Rob van Ginneken | Photos: Twan Wiermans & Agrarfoto