Il y a peu, lors de l’autopsie d’un veau, j’ai décelé une pneumonie aiguë. Tous les lobes pulmonaires étaient infectés et remplis de pus. Je me demande encore comment ce veau a pu vivre aussi longtemps avant de mourir.
Les infections pulmonaires chez le veau sont plus fréquentes à cette saison, marquée par des changements de température importants entre le jour et la nuit et une humidité atmosphérique élevée. On sait que le marché propose des vaccinations qui permettent de prévenir ce type de pathologie. Dans la pratique cependant, on constate que bon nombre de points méritent d’être améliorés. En effet, aussi longtemps qu’en matière d’hébergement ou d’alimentation la pratique laisse à désirer, il ne faut pas tout attendre de la vaccination.
Un cas vécu il y a quelque temps: confronté à une croissance et à un développement musculaire médiocres des veaux, et à la multiplication des d’infections pulmonaires, j’ai conseillé à un éleveur de nourrir les veaux avec une poudre de lait de meilleure qualité. De même, l’hébergement laissait à désirer du point de vue du climat, une situation qui ne pouvait cependant pas être améliorée dans l’immédiat. Dès que l’éleveur a changé de lait en poudre, l’état de santé des veaux s’est nettement amélioré, avec, par la suite, une reprise de la croissance et du développement musculaire et une chute des infections pulmonaires. Une autre mesure qui a montré ses bienfaits: l’éleveur a laissé plus longtemps les veaux à l’extérieur dans leur niche avant de les rentrer dans l’étable (un peu vétuste) à veaux en hébergement collectif.
D’autre part, il faut toujours revenir à une administration rigoureuse du colostrum. Chaque éleveur a conscience qu’il est impératif de donner rapidement et en suffisance un colostrum de bonne qualité. Pour autant, ma pratique me pousse parfois à un certain scepticisme. C’est ainsi que ma profession m’amène régulièrement dans des étables de veaux de boucherie provenant d’un même élevage naisseur, mais dont le développement se révèle très différent. Certains tombent rapidement malades, ne réagissent pas aux traitements et finissent par dépérir. Devant une situation pareille, on peut s’interroger sur la gestion du colostrum dans l’élevage naisseur d’origine. Bref, en cas de problèmes de santé chez des jeunes veaux, il faut vraiment s’interroger sur le suivi des protocoles d’élevage.
Outre l’apport de colostrum, il faut s’interroger sur l’alimentation lactée donnée aux veaux. Des erreurs en la matière ne sont jamais exclues, comme le montre la pratique. Un exemple me revient à l’esprit, à savoir celui d’un éleveur à qui je demandais combien de grammes de poudre de lait il donnait à ses veaux et comment il pesait les doses. Il commença par me dire qu’il se servait d’un gobelet doseur précis pour définir le nombre de grammes à prévoir. Et il me montra ce fameux gobelet doseur, dont le fond était entièrement incrusté de vieille poudre agglomérée, réduisant d’autant le volume mesuré. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les veaux de cet élevage ne recevaient pas la quantité de lait en poudre dont ils avaient besoin.
Un autre aspect important pour la santé des veaux est qu’ils doivent disposer d’une litière propre et sèche. Cela à l’air tellement évident, mais il n’est pas rare lors de mes visites que je découvre des niches et des cases collectives dont la paille est trempée et donc inhospitalière.
En conclusion, pour faire face à des problèmes sanitaires structurels, il faut retourner à la base. Même si de nombreux paramètres sont évidents, il est important de continuer à les contrôler. Dans la plupart des cas, l’éleveur aura relâché son attention, mais il pourra rapidement corriger le
tir. A partir de là, la situation sanitaire pourra s’améliorer, ce qui permettra le succès d’interventions préventives.
Texte: Michiel van der Burgt – vétérinaire bovin adVee | Photo: Twan Wiermans