Une étude du CRA-W met en lumière l’importance de gérer les prairies pour augmenter la diversité de la flore. Une gestion modérée de la prairie, avec des intrants de type organique, permet le développement d’une diversité floristique plus importante.
Le défi consiste à coupler la production d’herbe aux fonctions de régulation que peuvent exercer les prairies, à savoir le stockage de carbone, la filtration de l’eau, la régulation de l’érosion. «Le panel des fonctions que peut soutenir un agroécosystème est étroitement associé à la biodiversité qu’il abrite. Ainsi, un milieu riche en espèces assure une diversité de fonctions plus importante (chacune des espèces pouvant jouer un rôle complémentaire) mais est aussi potentiellement plus stable face aux perturbations (le rôle laissé libre par une espèce disparue pouvant être rapidement assuré par une autre espèce). Dès lors, il nous est apparu important de préciser les liens existant entre gestion et diversité floristique au sein des prairies», écrit Morgane Campion du CRA-W.
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Suivi sur le terrain
Dans le cadre du projet BIOECOSYS, le suivi de la flore dans une cinquantaine de prairies en Ardenne, en Famenne et dans le Pays de Herve a confirmé le lien entre la diversité floristique et l’intensité de la gestion. En effet, alors que les prairies intensives comptent moins d’une dizaine d’espèces, les prairies extensives en recèlent trois fois plus. Morgane Campion observe que la diversité floristique s’accroît rapidement lorsqu’on relâche l’intensité de la gestion, par exemple en repoussant la première fauche après la mi-juin ou en utilisant des engrais organiques plutôt que minéraux.
C’est ainsi que les prairies ardennaises gérées de façon conventionnelle sont plus pauvres que les prairies en agriculture biologique: en prairies permanentes 11 espèces au lieu de 15 et en prairie temporaires 9 contre 15. En agriculture biologique, la diversité floristique est donc plus grande. En légumineuses, on retrouve pour le trèfle rampant 15 à 25 % de recouvrement dans les prairies sous régime biologique contre 5 % dans les prairies intensives conventionnelles.
Une gestion modérée de la prairie, avec des intrants organiques, «semble être un atout dans le renforcement des services de régulation tout en maintenant un service de production fourragère d’une qualité satisfaisante (de l’ordre de 800 VEM en moyenne pour la première coupe). En effet, ce type de gestion permet le développement d’une diversité floristique plus importante, avec notamment le développement des légumineuses (…)» Cela contribue favorablement à la digestibilité et à la valeur nutritive du fourrage, à la fertilité des sols grâce à la fixation de l’azote atmosphérique, à la séquestration du carbone et à la fourniture de ressources alimentaires aux pollinisateurs.
Source: CRA-W Info, été 2017, m.campion@cra.wallonie.be