Chaque année, en décembre, l’UE publie ses prévisions pour les années à venir, dans le secteur agricole. L’Europe s’attend à ce que la production laitière mondiale continue d’augmenter de 1,6 % par an, mais la croissance de la filière lait va se réorganiser au niveau mondial. Les deux principaux exportateurs de produits laitiers, l’Europe et la Nouvelle-Zélande, devraient connaître respectivement une légère contraction et une légère croissance au cours des prochaines années. La croissance se fera donc principalement dans d’autres parties du monde comme l’Asie, l’Afrique, l’Amérique du Sud et les États-Unis. En dehors des États-Unis, ces régions productrices sont peu voire pas actives sur le marché mondial. Cela entraînera des tensions sur le marché mondial des produits laitiers et une pression à la hausse sur le prix mondial du lait.
Si l’on devait jeter un coup d’œil dans le rétroviseur concernant les données de production de l’Union européenne, il faudrait commencer par l’abolition des quotas laitiers en 2014. À l’époque, l’Europe produisait environ 140 milliards de kilogrammes de lait de vache. Environ 95 % était vendue aux laiteries. Après la suppression des quotas, la production laitière européenne a fortement augmenté, jusqu’à atteindre environ 153 milliards de litres. Cette croissance a toutefois marqué le pas depuis 2020. L’Europe s’attend maintenant à ce que la production laitière diminue dans les années à venir, comme le montre le tableau 1 en lettres bleues.
L’évolution
En Europe, l’on estime que le cheptel laitier diminuera d’environ 1 % par an au cours des prochaines années, passant de 19,5 millions de vaches en 2024 à 17,3 millions en 2035. La production par vache dans l’UE augmentera au fil des ans, passant de 7808 kilogrammes à 8524 kilogrammes par vache en 2035. Cela signifie que la quantité totale de lait de vache produite dans l’UE diminuera dans les années à venir : de 152,6 milliards de kilogrammes en 2024 à 147,6 milliards de kilogrammes en 2035. Sur ce total, environ 143 milliards de litres sont destinés aux laiteries.
Selon les prévisions de l’UE, la consommation de produits laitiers frais continuera à diminuer dans les années à venir. En revanche, la consommation de fromage continuera d’augmenter et celle de beurre se maintiendra. Les exportations de produits laitiers en dehors de l’UE devraient rester inchangées. Couplé à la baisse de production, ce facteur devrait entraîner un resserrement de l’offre sur le marché européen des produits laitiers, ce qui entraînera une hausse des prix payés aux producteurs.
Dans le tableau, nous avons converti le prix du lait attendu en Europe en prix du lait FPCM (4 % de matière grasse) et nous l’avons exprimé pour 100 litres de lait FPCM. L’Europe estime que les prix du lait pourraient grimper d’environ un euro par cent litres chaque année. Mais selon les analystes, il s’agirait principalement d’effets inflationnistes. L’évolution des prix en termes réels (après ajustement pour tenir compte de l’inflation) sera beaucoup plus modérée. De tous les produits laitiers, ce sont les prix des fromages européens qui devraient augmenter le plus. Les prix du beurre et du lait écrémé en poudre pourraient eux aussi connaître une hausse significative.
À quel prix du lait faut-il s’attendre ?
Si l’on regarde les prix réellement payés pour le lait au cours des cinq dernières années, ils étaient de 40,67 euros les cent litres en Belgique (hors Royaume-Uni) et de 39,47 euros les cent litres en Belgique. En Belgique, le prix du lait est donc inférieur d’environ 1,2 euro par cent litres à la moyenne européenne. Nos voisins, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, ont un prix du lait beaucoup plus élevé : les Pays-Bas affichent un prix du lait supérieur à la moyenne d’environ 1,3 € par cent litres. En Belgique, selon les perspectives de l’UE, on peut donc s’attendre à un … Lire la suite de cet article ? Abonnez-vous encore aujourd’hui.
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Texte : Johan Achten et Evelien Voermans Image : Twan Wiermans et Lely